C’est indéniable aujourd’hui, les enjeux environnementaux ont profondément amendé le secteur du bâtiment, à chaque strate ; qu’il s’agisse de méthodes constructives, de matériaux ou de processus collaboratifs entre les différents acteurs. Les réglementations, normes et autres actes à objectif de performances – peut-être discutables et perfectibles – sont de plus en plus exigeants et techniques. Et la grande vertu de cet objectif commun, construire bien et durablement, est celle d’avoir resserré les liens entre architectes et ingénieurs, qui travaillent ensemble de plus en plus tôt à la conception du projet, dès la phase esquisse parfois. Ce constat, nous l’avons fait à l’occasion de cette 31e édition d’exé consacrée à l’architecture passive, l’acoustique et la structure bois. Thermiciens, acousticiens et ingénieurs structure sont plébiscités pour aller au-delà des questions de calculs et d’efficience, il s’agit de mettre leurs compétences et toute la technicité de leur domaine respectif au service de l’architecture et non des seules performances.
Il en va ainsi de la construction passive, dont la spécificité est de définir des bâtiments où les consommations en phase exploitation soient les plus réduites possible. Et cela implique, entre autres, la conception d’une enveloppe parfaitement isolante et étanche pour laquelle architecte et ingénieur doivent œuvrer ensemble. Car le but n’est pas seulement de couvrir une structure d’un gros manteau, mais que l’une et l’autre s’engendrent. Et l’histoire se répète lorsque l’architecte conçoit une structure en bois dont l’objet ne se résume pas à la portance des éléments, mais contribue aussi à la définition des espaces ; les calculs servent alors un propos architectural et technique bien plus substantiel. Et que dire des prescriptions acoustiques qui peuvent amener jusqu’à des modifications du programme même, si elles n’ont pas été prises en compte suffisamment tôt dans le processus de conception ?
Cette technicité toujours plus influente, entraînée par des réglementations nombreuses, des objectifs exigeants et des enjeux environnementaux primordiaux, conduit donc les acteurs du projet d’architecture à travailler autrement, à développer leurs compétences et leur culture constructive. Mais ce sont assurément le bon sens et la justesse qui doivent prévaloir, comme le démontrent les intervenants et les projets publiés dans les pages qui suivent.
Nous vous donnons rendez-vous le 25 mai 2018 pour la 32e édition d’exé consacrée aux bardages et aux murs-rideaux.
Nadège Mevel
Rédactrice en chef
Par Exé Magazine